Assomption de Notre Dame 2024
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Solennité de l’Assomption
de la Bienheureuse Vierge Marie
Jeudi 15 août 2024
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.
Mes bien chers frères et sœurs,
Mes très chers fils,
Aujourd’hui, la Vierge Marie est montée avec son corps auprès de son Fils, auprès de Dieu. Réjouissons-nous !
C’est pour elle le voyage du triomphe, elle qui a sans cesse pèleriné sur cette terre à la suite de son Fils Jésus. En hâte, elle était allée rendre visite à sa cousine. C’est l’Évangile que nous venons d’entendre. Dans une pauvreté confiante, elle avait pris la route pour se rendre à Bethléem. Avec fidélité aux lois de son peuple, elle avait présenté Jésus au Temple, et avec inquiétude, elle l’avait recherché dans la caravane. Pendant les années de vie publique, elle suivait encore son Fils avec une docilité qui a mûri en com-passion au jour du sacrifice. Et voici, pour terminer qu’elle le suit encore au Ciel, l’âme unie au corps. Il y a dans son cœur un unique désir : être au plus tôt en présence de Dieu dans la pleine lumière céleste. C’est pourquoi, selon le Pape Benoît xvi :
L’assomption nous rappelle que la vie de Marie, comme celle de chaque chrétien, est un chemin d’imitation, à la suite de Jésus, un chemin qui a un objectif bien précis, un avenir déjà tracé : la victoire définitive sur le péché et sur la mort et la pleine communion avec Dieu, car — comme le dit Paul dans la Lettre aux Éphésiens — le Père « nous a ressuscités ; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus » (Ep 2, 6). Cela veut dire qu’avec le Baptême, nous sommes fondamentalement déjà ressuscités et que nous siégeons dans les cieux en Jésus-Christ, mais que nous devons corporellement rejoindre ce qu’il a commencé et réalisé dans le Baptême. En nous, l’union avec le Christ, la Résurrection, est inachevée, mais pour la Vierge Marie, elle est accomplie, malgré le chemin que la Vierge a dû elle aussi accomplir. Elle est entrée dans la plénitude de l’union avec Dieu, avec son Fils, et elle nous attire et nous accompagne sur notre chemin1.
[Oui, pour nous comme pour la Vierge Marie notre Mère,] toute la vie est une ascension, toute la vie est méditation, obéissance, confiance et espérance, même dans les ténèbres ; et toute la vie est cette « sainte hâte », qui sait que Dieu est toujours la priorité et que rien d’autre ne doit susciter de hâte dans notre existence2.
Notre Dame est désormais corporellement au Ciel. En elle comme dans son Fils ressuscité se réalise l’union de la terre et du ciel. Le Verbe est maintenant la demeure de celle qui a été la demeure du Verbe sur terre.
Notre vie surnaturelle de foi, d’espérance et de charité est une vie qui reçoit son origine de Dieu et qui remonte à Dieu. Cette vie d’enfants de Dieu a donc une valeur infiniment supérieure à notre activité simplement humaine. Elle vaut infiniment mieux que nos bonnes actions inspirées par la vertu simplement naturelle, ces bonnes actions dont tout homme de bonne volonté pourrait être capable. Et que dire alors de ces actes surnaturels qui nous viennent de la vie divine par rapport aux actes mauvais qui ne dépassent pas l’étroit domaine du créé ? Certes, les actes mauvais peuvent avoir un retentissement effrayant, au niveau d’un pays pour ce qui est d’une loi, au niveau mondial quand il s’agit d’un blasphème pseudo artistique, filmé et diffusé sur tous les continents. Mais le moindre de nos actes d’enfants de Dieu rachète tous ces outrages. Dom Delatte écrivait en effet :
Tant vaut l’agent, tant vaut l’acte ; [depuis mon baptême] il y a de Dieu en moi, et dans mon acte. Mon acte de foi pourra se prononcer par des lèvres humaines et au moyen de mots qui ont servi ; mais il est d’ordre et de valeur divine. [… Cet] acte de foi […] rend à Dieu plus de gloire que ne saurait lui en procurer toute la création matérielle, et avec elle, en dehors de l’ordre surnaturel, toute la création intelligente, les hommes et les anges réunis ; et ce, parce qu’il y a de Dieu en cet acte, parce qu’il y a en lui de Jésus-Christ. […] Il faut le redire : cet acte de foi si simple, si doux, que je puis multiplier à mon gré, tant la grâce de Dieu est toujours voisine et présente ; cet acte de foi trempé de charité rend plus de gloire à Dieu que ne sauraient lui en retirer tous les blasphèmes, toutes les rébellions humaines et angéliques3.
Alors oui, parcourrons avec joie et simplicité le chemin de notre vie. Avec ferveur, recommandons notre Patrie à Notre Dame qui, dans son assomption, est patronne principale de la France. Sous un tel patronage, il n’y a pas de place pour le désespoir. Au contraire, nous avons de très bonnes raisons de regarder le présent et l’avenir avec le regard paisible et enthousiaste de Dieu. De merveilleux signes sont là pour nous prouver que Dieu prend soin de nous et de toute l’Église. Entraînés derrière Marie, hâtons nous ensemble avec paix et allégresse vers l’objectif qui nous est fixé : la victoire sur le péché et la mort, et surtout la communion achevée avec Dieu qui est éternellement Père, Fils et Saint-Esprit.
Amen.
1Benoît xvi, Homélie du 15 août 2009.
2Benoît xvi, Homélie du 15 août 2009.
3Dom Delatte, Notes sur la vie spirituelle, p. 38s.