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Solennité de l’Ascension du Seigneur

Jeudi 9 mai 2024

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

Jésus apparaît aux disciples. Il leur reproche de n’avoir pas cru à sa Résurrection. Il les envoie prêcher son Évangile et chasser les démons en son nom. Il leur enjoint de baptiser tout homme, dans la foi en son nom qui sauve. Et finalement, aux yeux de ses disciples captivés par le dernier évènement de sa vie terrestre, le Seigneur Jésus est élevé de terre, et il monte au ciel où il s’assied à la droite de Dieu.

Vraiment, Jésus est au centre de l’attention de ce passage de l’Évangile. L’Église, à sa naissance comme aujourd’hui, garde le regard focalisé sur Jésus. Et lui, sans fausse humilité, tient cette place centrale qui lui revient de par sa nature divine et de par sa parfaite nature humaine : il est au début, au centre et à la fin. Mais ce n’est pas pour se mettre en avant, c’est pour notre bien qu’il assume ce rôle central.

Le Christ s’est uni de nombreux disciples. Par sa Pâque et dans l’Eucharistie, ils ont été assimilés à lui et ont pris part à sa filiation divine. Il est la source de notre vie de fils de Dieu, et c’est en lui que cette vie trouve son accomplissement. Il est vraiment l’Alpha et l’Oméga de notre vie, de la vie de l’Église entière. Il est venu du trône divin, et maintenant qu’il nous a unis à lui, il remonte auprès du Père, nous tenant tout contre lui. Le Concile nous fait contempler ce rôle central du Seigneur Jésus. Voici quelques phrases de la Constitution Gaudium et spes, qui éclairent notre méditation du mystère de l’Ascension :

Le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, s’est lui-même fait chair, afin que, homme parfait, il sauve tous les hommes et récapitule toutes choses en lui. Le Seigneur est le terme de l’histoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs de l’histoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie de tous les cœurs et la plénitude de leurs aspirations. C’est lui que le Père a ressuscité d’entre les morts, a exalté et a fait siéger à sa droite, le constituant juge des vivants et des morts. Vivifiés et rassemblés en son Esprit, nous marchons vers la consommation de l’histoire humaine qui correspond pleinement à son dessein d’amour : « ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre » (Ep 1, 10)1.

Oui, nous reconnaissons Jésus comme le centre de notre histoire, la joie de tous les cœurs, et la plénitude de nos aspirations. Il a dit : « Moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » (Jn 12, 32). Et nous avons l’espérance très assurée de rejoindre dans sa gloire celui que le Père « a exalté et a fait siéger à sa droite ».

Le Canon Romain, cette grande prière eucharistique qui est au cœur de la Messe, prière au cours de laquelle le prêtre consacre le Corps et le Sang du Christ, rappelle le Mystère pascal du Seigneur dans une triple expression : la bienheureuse Passion, la Résurrection et la glorieuse ascension. Pourquoi l’Ascension est-elle dite glorieuse ? Est-elle glorieuse pour Jésus lui-même ? Sans doute. Mais elle est aussi glorieuse pour nous et surtout glorieuse pour la Trinité entière. En effet, la Constitution conciliaire sur la liturgie, Sacrosanctum concilium, marque à quel point l’Ascension donne son complet achèvement au culte que nous sommes appelés à rendre à Dieu.

L’Ascension, dit le Concile, accomplit « la rédemption des hommes et la parfaite glorification de Dieu2 ». D’où la joie profonde qui envahit le cœur des Apôtres à ce moment. Elle est paradoxale, dans cette situation d’adieux, cette joie de la jeune Église ; mais elle est théologiquement très juste. Car l’homme est fait pour rendre à Dieu un culte parfait, et voilà que ce culte est rendu. Le prêtre parfait entre dans le Saint des saints. L’Église exulte ! Et nous nous souvenons du pectoral que devait porter le grand prêtre de l’ancienne Alliance. Dieu avait dit à Moïse : « Quand Aaron entrera dans le sanctuaire, il portera sur son cœur, avec le pectoral du jugement, les noms des fils d’Israël, en mémorial devant le Seigneur, perpétuellement » (Ex 28, 29). Aujourd’hui aussi, Jésus nous porte écrits sur son Cœur. Aujourd’hui, le grand Prêtre de la nouvelle et éternelle Alliance se présente devant le Père, Victime sans tache brûlée par le feu, par l’amour de l’Esprit Saint, et le nom de chacun de nous a été inscrit dans son Sacré Cœur, quand la lance du soldat l’a percé.

C’est encore l’Esprit Saint qui nous donne la pleine connaissance des mystères du Christ. Il a été infusé dans l’âme des disciples au jour de la Pentecôte. Ils étaient réunis autour de la Vierge Marie. Dans les dix jours qui nous préparent à recevoir à nouveau cet Esprit, demeurons dans une fervente unité fraternelle, autour de la Vierge Marie. Par elle, nous recevrons l’intelligence et l’amour surnaturels qui nous conduiront à la perfection du culte en esprit et en vérité.

Amen, Alléluia.

1Concile Vatican ii, Constitution Gaudium et spes, no 45, § 2.

2Concile Vatican ii, Constitution Sacrosanctum concilium, no 5.