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Solennité de l’Épiphanie du Seigneur

Vendredi 6 Janvier 2023

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

Dieu vit que tout ce qu’il avait fait était bon, et qu’il avait déposé des trésors dans sa création, pour sa gloire et pour notre bien. Nous découvrons, sur notre belle terre, l’or, l’encens et la myrrhe, et tant d’autres merveilles qui nous saisissent d’étonnement. Si bien que nous pourrions consumer notre vie à admirer ces bontés… mais nous demeurerions dans les ténèbres. Heureux au contraire ceux qui, tout en reconnaissant la valeur de ces beautés, sont assez attentifs pour y discerner aussi les signes de la présence de Dieu. Ces signes nous invitent comme les Mages à marcher à leur petite lueur, et à faire l’offrande de nos richesses.

En ces jours où nos regards sont tournés vers Rome, laissons-nous inspirer par quelques réflexions de saint Jean-Paul ii qui nous aide à prendre connaissance de la portée symbolique de l’événement historique rapporté avec précision par l’évangéliste saint Matthieu. Car de fait, l’adoration des Mages, avec tous ses détails, est une image appropriée de notre vie sur terre.

Jérusalem a vu se lever au dessus d’elle une grande lumière. C’est une étoile. À la différence du soleil, une étoile apparaît à nos yeux entourée de ténèbres. Jérusalem est sous la lumière, mais autour, ce sont les ténèbres. L’Église seule a la lumière de la vie, et les ténèbres ne peuvent la retenir captive. Mais il y a un avantage à se trouver dans les ténèbres, c’est la possibilité de voir de loin les sources lumineuses, même discrètes. Le tout est d’ouvrir les yeux.

Saint Jean-Paul ii disait, le 6 Janvier 1999 :

Toute la liturgie parle aujourd’hui de la lumière du Christ, de cette lumière qui s’est allumée pendant la Nuit Sainte. La même lumière qui conduisit les pasteurs à l’étable de Bethléem indique la route, le jour de l’Épiphanie, aux Rois mages venus de l’Orient pour adorer le Roi des Juifs et elle resplendit pour tous les hommes et pour tous les peuples qui aspirent à rencontrer Dieu.

Dans sa recherche spirituelle, l’être humain dispose déjà naturellement d’une lumière qui le guide : c’est la raison, grâce à laquelle il peut s’orienter, même si c’est à tâtons, vers son Créateur. Mais, étant donné qu’il est facile de perdre sa route, Dieu lui-même est venu nous secourir grâce à la lumière de la Révélation, qui a atteint sa plénitude dans l’incarnation du Verbe, Parole éternelle de vérité.

L’Épiphanie célèbre l’apparition dans le monde de cette Lumière divine avec laquelle le Fils de Dieu est allé à la rencontre de la faible lumière de la raison humaine. La solennité d’aujourd’hui présente ainsi la relation intime qui existe entre la raison et la foi, les deux ailes dont dispose l’esprit humain pour s’élever vers la contemplation de la vérité.

Le Christ nous illumine et nous indique notre destinée : il est la Vérité. Il se donne aussi lui-même pour assurer la stabilité de nos pas : il est le Chemin de notre pèlerinage. Un chemin, à la différence des fourrés qui le bordent de part et d’autre, c’est l’endroit ferme et praticable, tout préparé pour que la marche soit aisée. Et Jésus est notre Vie, notre énergie surnaturelle, notre nourriture pour fournir joyeusement l’effort de la marche. Nous sommes profondément heureux, comme les Mages à la vue de l’étoile, parce que nous possédons déjà un peu cette vie, cet objectif de notre cheminement. C’est Jésus, et Jésus nous montre le Père : « Qui m’a vu a vu le Père ». Demeurons sous l’influence de l’Esprit Saint pour contempler l’étoile, suivre le Christ, et retourner ainsi au Père. La sainte Trinité, dans l’unité de son être éternel, simplifie nos cœurs dans la joyeuse marche nocturne de cette vie.

Et partageons cette lumière avec tous les peuples. Faisons-la connaître, sans respect humain. Car vraiment, nous le savons, ce n’est pas une honte d’être catholique. Témoignons en tout lieu de la joie de vivre selon les lois divines porteuses de bonheur ! Le monde est-il gris ? Portons-lui les étoiles, non menteuses, de nos sourires ! Et sachons expliquer avec clarté les raisons de notre joie. N’arborons pas de ces sourires vastes mais un peu fanés, non, mais ayons le sourire profond de celui qui sait que la souffrance existe, et qui sait aussi qu’elle a un sens. « L’amour, c’est être prêt à souffrir » disait hier le Pape François auprès du cercueil de Benoît xvi. La souffrance, imprégnée d’amour oblatif, prend toute sa beauté et sa valeur de salut ! Voilà les vraies étoiles que le monde attend. À ce seul spectacle, le monde se convertira.

Que Marie, l’Étoile de la mer, celle qui a su aimer, qui était prête à souffrir, nous introduise au mystère de son Fils,

Amen.