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Solennité de la Fête Dieu

Jeudi 8 Juin 2023

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).

Jésus est passé sur terre il y a plus de deux mille ans, nous le croyons. Il est né de la Vierge Marie, nous le croyons et nous nous en réjouissons. Il a fait le bien auprès des nécessiteux, il a enseigné, il est mort sur la Croix et il est ressuscité, nous le croyons aussi, avec l’âme confondue devant un tel mystère. Nous croyons de même qu’il est monté au ciel à la droite de Dieu, et qu’il a envoyé l’Esprit Saint sur son Église. Nous croyons tout cela et nous le célébrons avec joie.

Nous chantons ces mystères dans le Credo, nous les développons dans la louange liturgique, et puis, une fois sortis de l’édifice sacré, quand nous reprenons nos occupations quotidiennes, n’oublions-nous pas un peu ce que nous avons professé si clairement ? N’oublions-nous pas un peu la vie divine qui nous habite pourtant continuellement ? N’avons-nous pas tendance à reléguer le Christ au passé, il y a deux millénaires ? Mais lui nous a dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Il a inventé l’Eucharistie pour demeurer avec nous.

La fête du Saint Sacrement, fête du Corps du Seigneur, présente beaucoup de facettes. L’Eucharistie est une nourriture qui soigne et fortifie chacun de nous dans le chemin vers la patrie. L’Eucharistie rend présents le sacrifice de la Croix et le mystère de la Résurrection. L’Eucharistie est une présence : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Aujourd’hui, nous allons pouvoir passer de longs moments en présence du Seigneur. Prenons conscience du don qu’il nous fait en venant habiter ainsi notre vie journalière. Oui, le Seigneur est actuel. Sa vie n’est pas un souvenir. Il est là, il nous nourrit, chacun selon ses besoins. Il nous élève à cette vie divine qui est celle que nous désirons pour l’éternité.

Dès aujourd’hui, par cette nourriture, Jésus diffuse en nous la charité de l’Esprit qui soude l’unité de l’Église. Nous sommes bien loin d’un souvenir sans vie. La Messe, et toute la liturgie qui en découle et qui lui fait cortège, est une vie. La liturgie, c’est le chant actuel de l’Église Épouse, à la gloire de son Époux, et par lui à Dieu le Père dans le Saint-Esprit. Nous sommes très réellement pris, aujourd’hui et maintenant, dans un élan surnaturel qui nous entraîne au cœur de la grande assemblée des saints qui adorent Dieu, au ciel, pour les siècles des siècles. Si nous tombions dans le travers d’un attachement aux règles liturgiques par pur conservatisme, ce ne serait plus liturgie, ce ne serait plus adoration du Dieu Saint et vivant, mais pharisaïsme. Si nous défendions ces règles pour un simple motif social, parce que la société qui suit ces rites est manifestement flatteuse, alors nous volerions le Seigneur : nous tournerions à notre profit égoïste le culte qui lui est dû tout entier.

Ces attitudes ne feraient qu’approfondir un fossé. Au contraire, cherchons tous les moyens de vivre l’unité pour laquelle le Christ a prié. Les hommes qui choisissent un camp liturgique avec du mépris pour l’autre ne construisent rien. L’unité ne se bâtit que sous l’action de l’Esprit Saint, dans l’amour maternel de l’Église, et dans l’estime mutuelle. Nous laissons les polémistes à leurs outrances, nous souffrons du tort qu’ils font à l’Église, et nous cherchons à fortifier les amitiés vraies et les échanges constructifs. Adorons ensemble le Dieu qui se fait hostie. Recevons de lui la lumière et la force pour avancer. Prions le Seigneur et sa Mère pour qu’ils aident ceux qui ont une réelle autorité en matière liturgique : il ne leur est pas aisé de discerner ce qui est vrai et bon, et encore moins de l’exprimer avec courage. Mais le Seigneur Jésus est présent, aujourd’hui aussi, et il nous donne sa Paix.

Au pied de l’autel lors de la Messe, pendant la procession et durant les heures d’adoration, prenons toujours davantage conscience de cette présence du Seigneur avec nous chaque jour. Jésus a trouvé le moyen d’être là, avec son Corps et son Sang, avec son Âme et sa Divinité. Et il n’est pas là pour demeurer dans un vase sacré, mais pour entrer dans les sanctuaires de nos cœurs, qu’il aime infiniment plus que les ciboires d’or et les tabernacles de pierre sculptée.

La Vierge Marie au jour de l’Annonciation a été la première communiante en recevant son Fils. Pendant l’Avent, elle a été le premier tabernacle, et à Noël le premier ostensoir. Au soir du Vendredi Saint, quand on a déposé sur ses genoux son Fils sans vie, elle a été le premier autel. Demandons-lui d’être en elle de saints communiants et des temples consacrés de Dieu. Demandons-lui de savoir participer à la souffrance de son Fils et d’être pour ceux qui nous entourent des ostensoirs de la vie divine qui nous habite : Jésus est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Amen.