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Solennité de la Nativité du Seigneur
Messe de minuit

Dimanche 25 Décembre 2022

 

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

 

Un Ange annonce à quelques pasteurs la naissance du Christ Seigneur. Le Sauveur issu de la lignée de David, c’est un nourrisson, serré dans ses langes, couché dans une mangeoire.

Le monde étincelle ce soir de feux contradictoires : d’un côté les cités, où règne habituellement le bleu blafard de nos écrans, ces cités se revêtent pour quelques jours d’illuminations festives dont on voudrait pourtant oublier le sens originel ; et de l’autre jaillissent les feux rougeoyants des tirs d’artillerie. Ces deux genres de lumière ont pourtant un point commun : elles ont oublié cet Enfant, véritable étoile qui vient illuminer les nations.

Mais l’Église ose trancher sur ce paysage. Elle nous rassemble au cœur de la nuit. Elle ose perturber le rythme du repos corporel, parce qu’elle sait l’enjeu singulier de cette nuit. Il faut fêter un anniversaire sans égal : la naissance du Verbe éternel dans une chair humaine.

Aujourd’hui comme il y a deux millénaires, les situations sont un peu équivalentes. Qui prêtait alors attention à la naissance de Jésus ? Qui prend garde aujourd’hui à sa venue sur les autels dans les pauvres églises, entouré d’une assistance restreinte ?

Pourtant, il s’agit de l’événement central de l’histoire de l’humanité : la présence du Verbe incarné sur terre. Dieu a assumé notre nature pour nous délivrer du péché par la Croix et la Résurrection. Il est venu, et il demeure sur cette terre concrète qui nous porte aujourd’hui. C’est à partir de sa naissance que se comptent les années que Dieu nous donne.

L’Église, sous la forme d’une prière extrêmement concise, résume le cœur du mystère de cette nuit. Il ne s’agit pas tant de nous émerveiller des montons, des pasteurs ou même des Anges. Nous sommes appelés à regarder, à vivre même du don de Dieu. Dieu a pris la nature humaine pour que nous participions à sa nature divine. Regardons cela, oui. C’est l’objet de tous nos désirs. Et ce que nous désirons nous est donné. La prière dont il s’agit, c’est la secrète de cette Messe de minuit :

Seigneur, recevez volontiers l’oblation, l’offrande, que nous vous présentons dans la solennité d’aujourd’hui ; faites, par un don de votre grâce, qu’au moyen de ce saint et sacré commerce, nous soyons trouvés semblables à Celui en qui notre nature (substantia) est unie à la vôtre.

Oui, Dieu nous propose un commerce, un marché. Nous accueillons le don de Dieu, cet Enfant qui est dans une mangeoire. Nous le recevons dans nos cœurs par la sainte Eucharistie. Nous reconnaissons que nos cœurs ressemblent beaucoup à la pauvre mangeoire. Et nous devenons ce que nous recevons, nous devenons semblables au Christ, nous devenons membres du Corps du Christ, nous sommes partie prenante de l’Église. Dieu nous aime chacun, personnellement, à la folie, au point de nous proposer un tel marché.

Que la Vierge Marie bénisse chacune de nos communions, et en particulier celle de cette nuit. C’est elle qui a été la première à porter et à donner le Corps du Christ.

Amen.