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Solennité de Pâques

Dimanche 9 Avril 2023

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

Exultons, louons Dieu qui a fait de grandes choses : il a ôté le poids de la mort qui pesait sur l’humanité et il lui a rendu une vie nouvelle ! Pour cela, il a employé les moyens qui lui plaisent particulièrement parce qu’ils sont marqués au coin de la joyeuse modestie et de l’humilité.

La victoire est en effet réservée aux petits. Marie, plus jeune que le péché, a fait échec à la loi de mort qui dominait le monde. Saint Pierre, dont le cœur a été percé quand Jésus l’a regardé, a accueilli la miséricorde de Dieu. Et Jésus surtout, silencieux comme l’agneau que l’on mène à l’holocauste, a pris à complet rebours la logique bruyante de la puissance humaine.

Oui, désormais, « elle est passée, la figure de ce monde » (cf. 1 Co 7, 31). Et les saintes femmes de ce matin en sont encore un exemple. Elles se savent trop faibles pour rouler la très grande pierre — « qui était vraiment imposante — Erat quippe magnus valde ». Elles s’interrogent à ce sujet, mais elles se dirigent tout de même vers le tombeau. Quand on a en vue une grande œuvre, on s’y porte sans se laisser déconcerter par le secondaire. On espère qu’une solution se trouvera au moment voulu. Les saintes femmes visent une belle action qui a pris possession de leur âme : rendre les derniers devoirs au Corps de leur bien-aimé Seigneur. Elles ne se laissent pas arrêter par les obstacles matériellement démesurés au regard de leur faiblesse. Quand l’amour s’en mêle, la quête d’une fin se fait impérieuse. Et elles trouvent la pierre roulée. Dieu nous précède toujours sur le chemin de nos résurrections spirituelles. Il roule les pierres tombales qui nous enfermaient dans la mort.

Les femmes ressentent de la frayeur à la vue de l’Ange resplendissant. Mettons-nous à leur place ! Les pauvres sont encore dans une atmosphère de deuil et de ténèbre : elles viennent embaumer un mort. Elles se préparent à pleurer, dans la pénombre du tombeau qui a englouti le plus cher de leurs amis dans la fleur de sa jeunesse. Et voici qu’elles se trouvent en présence d’un Ange, sous les trait d’un aimable jeune homme, lumineux et resplendissant de vie, qui leur dit avec conviction : « Ne vous effrayez pas ! » Trente quatre ans plus tôt, saint Gabriel avait dit de même à Marie : « Ne crains pas ! » « Ne vous effrayez pas ! », car Jésus est vivant. Lui qui s’était fait le plus faible de tous a pulvérisé la carapace, la chape de plomb du péché, qui pesait sur l’humanité.

Oui, c’est en adoptant humblement l’attitude de la plus grande vulnérabilité que le Seigneur a vaincu. Quand un homme, ou une femme, cherche à être fort par lui-même seulement, il renforce cette carapace qui le sépare de Dieu. Mais quand nous accueillons la grâce de Dieu comme des enfants, nous nous approchons du point faible de cette carapace, de cette chape de plomb du péché. Il y a un point qu’elle ne peut contenir, un point qui lui est incompréhensible : la douce humilité à l’égard de Dieu. Le Diable, qui a voulu se passer de Dieu, ne comprend pas cette attitude d’humilité, d’humble dépendance à la grâce. Plus nous approchons de cette attitude, et plus nous lui échappons. Et avec le Christ, nous provoquons ce tremblement de terre qui fissure et qui pulvérise toute la carapace des tombeaux. Elle vole en éclat, la pierre vraiment très lourde qui pesait sur l’humanité.

Alors tournons-nous vers la Vierge Marie, la première des rachetés, et apprenons d’elle à rejoindre l’humilité de son Fils. Laissons-nous, comme elle, revêtir par la gloire de Jésus Ressuscité. Le Pape Benoît xvi nous y a invités lors de son voyage en France en 2008 :

Regardons […] cette « Femme ayant le soleil pour manteau » que nous montre l’Écriture (Ap 12, 1). La Très Sainte Vierge Marie, la Femme glorieuse de l’Apocalypse, porte sur sa tête une couronne de douze étoiles qui représentent les douze tribus d’Israël, tout le peuple de Dieu, toute la communion des saints, et avec, à ses pieds, la lune, image de la mort et de la mortalité. Marie a laissé la mort derrière elle ; elle est entièrement revêtue de vie, celle de son Fils, le Christ ressuscité. Elle est ainsi le signe de la victoire de l’amour, du bien et de Dieu, donnant à notre monde l’espérance dont il a besoin. Ce [matin], tournons notre regard vers Marie, si glorieuse et si humaine, et laissons-la nous conduire vers Dieu qui est vainqueur1.

Que Notre Dame soit notre guide en ce temps pascal qui s’ouvre : qu’elle nous indique les beautés de son Fils à contempler et qu’elle nous introduise dans la Vie nouvelle qui nous est offerte,

Amen, Alléluia !

1Benoît xvi, 13 Septembre 2008.