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Solennité de la Pentecôte

Dimanche 28 Mai 2023

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

Veni Sancte Spiritus. Dans la séquence que nous venons de chanter, nous avons répété quatre fois le mot « Veni — venez, Esprit Saint ». Et chaque jour de l’année nous avons coutume de le redire dans la prière au Saint-Esprit qui précède nos études : « Veni Sancte Spiritus — venez, Esprit Saint ». Cette demande, notre cœur la formule d’instinct en de multiples circonstances, et en particulier quand nous sentons que nous abordons une situation difficile. Tournons ce matin notre regard vers ce mouvement de l’âme qui attend aide et réconfort de la Troisième Personne de la Sainte Trinité, un seul Dieu avec le Père et le Fils.

Pourquoi demandons-nous l’Esprit Saint ?

C’est inscrit dans notre être chrétien. Depuis le baptême, nous vivons de la vie que le Seigneur nous a donnée et qu’il a décrite dans son Évangile. La vie divine vient en nous par le don de l’Esprit, et elle croît sous son influence : nous demandons que le Saint-Esprit vienne en nous parce qu’il fait de nous des fils de Dieu. Il nous rend participants de la nature divine, et frères du Seigneur. Quand l’Esprit-Saint entre chez nous, c’est la Trinité tout entière, indivisible, qui vient faire sa demeure en nous. Nous sommes en Dieu, il est en nous. Le Saint-Esprit est la Personne-Lien au sein de la Trinité. Il est le lien d’amour entre le Père et le Fils. Ce lien incréé a un écho créé : l’intimité des enfants de Dieu avec leur Père. C’est donc à l’Esprit que l’Église fait remonter notre lien avec Dieu.

Il est aussi la Joie éternelle dans la Trinité : la joie est fruit de l’Amour et il est personnellement l’Amour. C’est donc de lui que nous attendons toute joie. C’est ainsi que notre Bienheureux Père saint Benoît demande à ses moines de vivre la joie pascale dans le Saint-Esprit1. Les chrétiens font l’expérience d’un bonheur insoupçonné : le bonheur d’aimer et d’être aimés. Ce bonheur, nous l’attendons depuis toujours et nous en vivrons pour toujours si nous demeurons fidèles. Nous avons été tout spécialement créés pour ce bonheur.

Le Saint-Esprit nous invite donc bien loin des divertissements que nous propose le monde. Il y a certes de sains divertissements, nécessaires pour l’épanouissement de notre vie. Ces loisirs qui demeurent sous le regard de Dieu sont voulus par lui. Mais nous savons aussi que le monde propose avec insistance des plaisirs maquillés, dont la jouissance passagère ne parvient pas à cacher leurs dégâts durables et mortels. Les plus criminels de ces plaisirs n’aboutissent à rien moins qu’à donner la mort à un innocent ou à soi-même. Ils sont alors toujours une forme de blasphème contre le Créateur, contre la Vie. Saint Paul nous a dit que c’est « l’Esprit qui donne la vie » (Ro 8, 2). Plutôt que de la détruire, recevons-la avec reconnaissance, dans toute sa beauté et toutes ses exigences.

Mais comment demander l’Esprit Saint ?

Les sacrements sont d’eux-mêmes un appel à la présence du Saint-Esprit. Le baptême nous consacre comme temples de l’Esprit, et cette consécration est en soi et pour toujours une invocation de sa présence. Par la confirmation, l’Esprit Saint déploie en grand son influence en nous. Et en ces jours que la liturgie consacre au culte de l’Esprit, notre prière ne fait qu’actualiser ces réalités qui sont déjà inscrites dans notre être de chrétiens.

Le Catéchisme nous dit que « La forme traditionnelle de la demande de l’Esprit est d’invoquer le Père par le Christ notre Seigneur pour qu’il nous donne l’Esprit Consolateur2 » En effet, le Seigneur nous a dit que le Père désire grandement nous faire ce don. Il l’a dit en saint Luc, dans l’évangile que nous avons eu pour les Rogations : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13).

Et « Jésus insiste sur cette demande en son Nom au moment même où il promet le don de l’Esprit de Vérité » dans le discours après la Cène : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (Jn 14, 16)

Oui, nous devons demander le Saint-Esprit au Père par l’intercession de Jésus. « Mais la prière la plus simple et la plus directe est aussi traditionnelle : « Viens, Esprit Saint », et chaque tradition liturgique l’a développée dans des antiennes et des hymnes. »

Nous devons aussi demander à la Vierge Marie de nous apprendre à implorer le don de l’Esprit Saint. Contemplons-la, elle qui a si bien su attirer sur elle et sur l’Église entière le Don de Dieu.

Amen.

1Saint Benoît, Sainte Règle, c. 49.

2CEC 2671 (cette citation et les deux suivantes).