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Solennité de la Pentecôte
Dimanche 19 mai 2024
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.
Mes bien chers frères et sœurs,
Mes très chers fils,
« Si quelqu’un m’aime, vient de dire le Seigneur, si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous nous ferons une demeure chez lui. »
Nous voulons cette intimité, mais aussi nous sommes conscients de la faiblesse de notre intelligence et de notre volonté. Comment pourrons nous garder la parole du Seigneur Jésus et avoir assez d’amour pour en vivre profondément ?
Heureusement, Jésus connaît notre infirmité. C’est pourquoi il ajoute : « Le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » Qui est cet Esprit Saint ? Il est la troisième personne de la Trinité, avec le Père et le Fils, il est le Dieu unique. Son nom nous étonne. « Esprit » et « Saint » sont des termes communs qui pourraient aussi bien être utilisés pour désigner le Père et le Fils. Mais le Catéchisme du Concile de Trente nous éclaire :
Tous les noms que nous donnons à Dieu, nous sommes forcés de les emprunter aux choses créées. Et comme […] nous ne connaissons pas, dans les créatures, d’autre communication de nature et d’essence que celle qui se fait par voie de génération, il nous est impossible d’exprimer par un nom propre cette communication que Dieu fait de Lui-même et de son Être tout entier par voie d’amour. C’est pourquoi la troisième Personne de la Sainte Trinité porte la dénomination commune d’Esprit-Saint ; dénomination d’ailleurs qui Lui convient parfaitement, parce que, d’une part, c’est elle, la troisième Personne, qui répand dans nos âmes la vie spirituelle (la vie de l’Esprit) et parce que, d’autre part, sans le souffle et l’inspiration de cet esprit très Saint, nous ne pouvons rien faire qui mérite la Vie Éternelle1.
Oui, l’Esprit Saint gonfle nos cœurs, il les dilate et les porte à s’élever vers la vie éternelle. Il est la source et la perfection de notre sainteté. Et notre sanctification individuelle va de pair avec la sanctification de tous les membres de l’Église, puisqu’on ne se sauve qu’en famille. Le Concile Vatican ii développe cette dimension ecclésiale, dans la Constitution Lumen gentium :
Une fois achevée l’œuvre que le Père avait chargé son Fils d’accomplir sur la terre, le jour de Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé qui devait sanctifier l’Église en permanence et procurer ainsi aux croyants, par le Christ, dans l’unique Esprit, l’accès auprès du Père. C’est lui, l’Esprit de vie, la source d’eau jaillissante pour la vie éternelle, par qui le Père donne la vie aux hommes que le péché avait tués, en attendant de ressusciter dans le Christ leur corps mortel. L’Esprit habite dans l’Église et dans le cœur des fidèles comme dans un temple, en eux il prie et atteste leur condition de fils de Dieu par adoption. Cette Église qu’il introduit dans la vérité tout entière, et à laquelle il assure l’unité de la communauté et du ministère, il la bâtit et la dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques, il l’orne de ses fruits. Par la vertu de l’Évangile, il fait la jeunesse de l’Église et la renouvelle sans cesse, l’acheminant à l’union parfaite avec son Époux. L’Esprit et l’Épouse, en effet, disent au Seigneur Jésus : « Viens ». Ainsi l’Église universelle apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint »2.
Oui, dès son origine l’Église est catholique, c’est à dire tournée vers l’universel. Dès la Pentecôte, elle est une, sainte, catholique, et apostolique. Dans la présentation de l’Église naissante que saint Luc nous donne dans les Actes des apôtres, le Pape Benoît xvi a pu discerner les quatre notes de l’Église :
Si nous réfléchissons un instant à cette description, disait-il, nous pouvons nous rendre compte qu’y apparaissent déjà indéniablement trois des caractéristiques fondamentales de l’Église, retenues par la tradition : l’Église est apostolique [groupée autour des douze] ; elle est sainte, car elle est tournée vers le Seigneur dans la prière ; et elle est une [, elle dont les membres n’avaient qu’un seul cœur]. Le premier signe, dans lequel se manifeste l’Esprit Saint [au jour de Pentecôte], en ajoute une quatrième : la présence de l’Esprit se révèle dans le don des langues. Il renverse ainsi le phénomène de Babel ; la communauté nouvelle, le nouveau peuple de Dieu s’exprime dans toutes les langues et, dès le premier instant de son existence, la communauté est présentée comme « catholique »3.
Le don de l’Esprit Saint, que nous fêtons aujourd’hui, nous pousse ainsi à œuvrer, d’abord par la prière, à la diffusion de la sainteté dans le monde entier.
Que la Vierge Marie, qui s’est laissée pétrir par l’Esprit pour donner au monde le Messie, soit notre exemple dans la docilité à ce même Esprit de sainteté,
Amen, Alléluia !
1Catéchisme du Concile de Trente, Desclée, 1923, p. 106.
2Concile Vatican ii, Lumen gentium, 4.
3Joseph Ratzinger – Benoît xvi, Ils regarderont Celui qu’ils ont transpercé, p. 83