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Fête de la Présentation du Seigneur

Dimanche 2 février 2025

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

Quel contraste entre la prophétie et la réalisation ! N’y a-t-il pas eu méprise ?

Le passage du prophète Malachie que nous entendions tout à l’heure nous annonçait la venue retentissante du Messie dans le Temple de Dieu. Ce livre prophétique est le dernier de la liste de l’Ancien Testament. Il n’a cependant pas été le dernier rédigé, puisqu’on le date aux environs de l’an 450 avant Jésus-Christ. Il vient tout de même après toute une pédagogie divine. 450, c’est près d’un siècle après le retour d’exil. Le Temple a été reconstruit et dédicacé, le service liturgique a repris, avec des lacunes cependant. Nous pourrions attendre que le Peuple de Dieu soit désormais bien dégrossi, que sa relation avec Dieu ait acquis une forte dimension spirituelle. Et cependant, par la voix du prophète Malachie, Dieu semble annoncer des merveilles stupéfiantes : « Voici que j’envoie mon messager [mon Ange, …] dit le Seigneur de l’univers. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui pourra rester debout lorsqu’il se montrera ? Car il est pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs. » Ce feu, cette lessive, prévient le Seigneur, purifiera les âmes consacrées pour qu’elles puissent « aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice ».

Dieu parle vigoureusement pour donner du zèle aux Israélites encore affaiblis par l’Exil. Il leur promet que le Sauveur qu’il leur envoie sera d’une grande puissance.

Comment dès lors admettre que l’humble venue de Marie et Joseph, un doux nourrisson dans les bras, soit la réalisation de cette terrible annonce ?

C’est le dernier verset prophétique qui permet de faire transition. Grâce au messager de Dieu « l’offrande de Juda et de Jérusalem sera bien accueillie du Seigneur. » Oui, le but du messager n’est pas de détruire, mais de restaurer la pureté des âmes pour qu’elles puissent nouer à nouveau amitié avec Dieu.

Et le meilleur moyen pour cela, c’est de les attirer à sa suite. On n’attire que par la douceur.

L’Enfant Jésus a certes bien le pouvoir de déchaîner la foudre contre les méfaits, mais il la réserve pour les années de son ministère public, et encore, il l’utilisera d’une manière très discrète et modeste, quand il chassera les démons, quand il purifiera le Temple de ses parasites, quand il expulsera les maladies et surtout quand il ôtera les péchés des âmes.

Tout cela, il le fera d’une âme sereine dans ses profondeurs, et avec un geste mesuré. La véritable puissance n’a pas besoin de se pavaner. Elle n’est pas là pour susciter l’admiration, mais seulement pour agir, silencieusement, selon la volonté aimante de Dieu.

Pour l’instant, il nous attire gracieusement chez son Père, et nous montre l’exemple de la présence dans la maison paternelle. La scène est toute lumineuse et paisible. Le vieillard Siméon annoncera certes de grandes souffrances à la Vierge Mère, mais dans la perspective du dessein bienveillant de Dieu.

Ainsi, ce jour de la Présentation de Jésus au Temple nous apprend une vérité toujours actuelle : il nous apprend que la venue de Dieu dans nos âmes, son surgissement dans nos vies est plus douce que prévue.

Ne craignons donc pas à l’excès le jour où Jésus se présentera pour nous cueillir, ni le grand jour où il reviendra juger le ciel et la terre. Pour ceux qui l’aiment, cette venue finale sera le début d’une exultation et d’une jubilation éternelle de la récompense enfin obtenue.

Quand il paraîtra, notre cœur se réjouira comme celui de Siméon, parce que nous aurons longtemps attendu de voir « le Christ, le Messie du Seigneur ». Dans une douceur en proportion de notre amour, nos yeux verront le salut que Dieu prépare à la face des peuples, la lumière qui se révèle aux nations et donne gloire au peuple de Dieu Israël. Jésus aura la douceur de l’enfant, lui qui demeure éternellement l’Enfant du Père. Il ne sera terrible, effrayant, qu’à ceux dont la conscience fera craindre quelques représailles. Mais dans la poitrine des pécheurs pardonnés qui ont découvert la petite voie de la confiance, le cœur tressaillira de joie.

Dès aujourd’hui, laissons poindre, germer et même jaillir ces sentiments d’allégresse. Il y a 2025 ans, le Seigneur est venu à la rencontre de son peuple pour le purifier et le sauver, pour ôter le plomb de notre or. Il vient de même chaque jour à la messe, dans la discrétion de l’hostie, pour nous unir à lui pour toujours. Entrons joyeusement dans la fournaise de son Cœur et laissons-nous purifier.

Oui, cette fête de lumière est une fête d’espérance. Dans la ténèbre de l’esprit du monde brillent vraiment mille flammes, tous ces cœurs habités par l’amour divin. Ils font échec à la nuit et sont autant de reflets de l’Étoile de la mer, la Vierge Marie toute pure.

Amen.