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Solennité de N. Bx Père Saint Benoît,

dimanche 11 juillet 2021, Notre Dame de TRIORS.

Pour S. Benoît fêté ce matin avec joie, la vie monastique n’est authentique qu’à la condition de chercher vraiment Dieu – si vere Deum quaerit (RB 58). Sinon, bien évidemment ce serait une vie consacrée hypocrite, et nous voyons combien cela fait bien du mal à l’Église. Dans le contexte, il s’agit de savoir si le novice est bien à sa place au monastère, mais la Règle élargit la perspective en citant ailleurs l’évangile bien connu, qui vaut pour tous: Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et ce qui vous soucie vous sera accordé, mais comme par surcroît. Oui, quand disparaît la fébrilité liée à notre peu de foi, lorsque la liberté intérieure est là, la Providence manifeste sa générosité insatiable, c’est elle qui fait chanter si joyeusement les petits oiseaux (Cf. RB 2 citant Mt 6,33). D’une façon analogue, l’évangile que nous venons d’entendre proclamer, s’adresse d’abord aux apôtres et à ceux qui quittent tout, mais il concerne bien aussi tous les fidèles (Mt. 19,27s).

Tout chrétien a quelque chose à apprendre de S. Benoît : ce dernier s’enfuit de la Ville aux mœurs corrompues, il s’en éloigne pour prendre du recul ; puis en un second temps, il part secrètement d’Enfide, bourgade paisible pourtant, dès que les gens se montrent trop entichés de lui : Plus désireux de souffrir les maux du monde que ses louanges et de se fatiguer pour Dieu plutôt que d’être flatté en cette vie, il s’éloigna en secret et gagna un lieu désert appelé Subiaco (Vita c. I,3). À notre époque, le vice est proposé de mille façons, les loups revêtus de peau de brebis prolifèrent. Mais l’homme vaut infiniment plus que leurs projets diaboliques qu’on lui propose de nos jours. Il mérite mieux également que ces satisfecit faciles et sans fondement, la vanité flirtant alors avec le mensonge et anesthésiant la conscience.

Si vere Deum quaerit- chercher vraiment Dieu. Les hommes ne peuvent avoir de relations saines entre eux qu’en suite de leur relation avec Dieu. Le regard intérieur de la conscience devient alors un petit paradis où l’on s’entretient avec Dieu : voilà la racine saine du contact social. Sinon, malgré la confiance qu’inspire la peau de brebis, l’homme est un loup pour l’homme, et la méfiance latente ou ouverte s’ensuit, étouffant l’honnête joie de vivre. La vie chrétienne authentique relève du grand paradoxe évangélique, rechercher d’abord Dieu, le reste venant ensuite, abondamment et comme en surcroît. C’est la grande urgence en ce temps en grand désarroi où on paralyse les foules, par peur de la maladie et de la mort. Alors écoutons bien S. Benoît nous disant répétant de chercher Dieu en tout premier lieu.

En 1964 lors de la restauration de Monte-Cassino après les bombardement de 1945, S. Paul VI déclara son patronage sur cette Europe qui se relevait alors difficilement de ses ruines fumantes, matérielles et surtout morales. Mais la voix du saint pape n’a pas été prise au sérieux : en refusant ses racines chrétiennes à Maastricht, Nice et Lisbonne, l’Europe semble accorder plutôt une victoire posthume à Hitler et à ses projets démoniaques : en témoigne sinistrement la loi récente, la loi honteuse qui est à la fois contre l’éthique et contre la vie reçue de Dieu.

Un grave malaise social couve depuis des années. Regardons donc S. Benoît qui propose, avec une douce et tenace insistance le remède venu tout droit de l’évangile, chercher vraiment Dieu : trois petits mots tout simples pour donner l’esprit d’une saine résistance, chercher vraiment Dieu avant d’agir et de parler de la vie. Benoît a vécu en Italie, ses reliques sont à Fleury en France ; le transfert de celles-ci est à l’origine de la fête de ce jour, indiquant le rayonnement de notre saint sur le continent, puis sur le monde. Des malaises sociaux endémiques et cruels envahissaient son univers, mais l’entraînement silencieux et probant de ses disciples imprima peu à peu le primat des choses de Dieu s’imposant dans la cité, et la paix médiévale a été conquise ainsi.

D’ailleurs, Dieu mérite bien qu’on le recherche pour Lui-même, puisqu’Il est l’Unique Nécessaire, puisqu’Il sera le dernier mot de notre destinée dans l’éternité partagée avec Lui : il es temps de lier connaissance avec Lui. Jésus l’affirma à Marthe trop affairée au dehors et souffrant de ne pas arriver à bien faire son ménage (Luc 10,42). Sa simple parole aide toutes les Marthe à mettre l’évangile en pratique: cherchez le Royaume de Dieu, le reste surviendra, aimablement et comme par surcroît : la divine Providence se montre alors dans son extrême libéralité.

Tournant le dos à cette salutaire et magnifique mesure, l’Europe choisit donc pour l’heure d’outrager sa référence au Christ Seigneur qui fit pourtant fleurir chez elle les arts et le progrès des peuples. Nous la voyons avec tristesse se débattre désormais dans le rôle de Faust fasciné par Méphistophélès. Il y a de quoi être effrayé quand on voit le déroulement des lois européennes depuis des décennies. Mais pour ne pas céder au défaitisme spirituel, une autre parole de l’évangile vient à notre aide : N’ayez pas peur petit troupeau (Luc 12,32). S. Benoît enseigne la crainte de Dieu, crainte d’amour qui remet une saine hygiène et rend la santé morale aux consciences (RB VII et passim).

C’est la force de notre foi d’illuminer alors le quotidien d’un rayon du ciel, y tissant des liens sains. Certes, ceux qui refusent les racines chrétiennes de nos pays sont puissants, comme des Goliath ; l’urgence dès lors, ce sont les nombreux petits David, qui, sans payer de mine, visent juste avec des moyens dérisoires en apparence mais ciblés ? Le Bon Dieu ne demande que cela en attendant que le balancier social revienne au bon sens et à l’ordre de la charité quand Il le jugera opportun.

Nos épreuves ne doivent pas faire larmoyer. La joie fait partie de l’innocente revanche que nous ménage la vie saine dans la foi. Ave Maria, Gaude Maria, le chapelet, ce psautier des pauvres est à la portée de tous, amen.