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Solennité de Notre Bienheureux Père
Saint Benoît

Mardi 11 Juillet 2023

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

Nous célébrons saint Benoît, le père de notre ordre et, plus précisément, nous fêtons l’entrée de ses reliques dans le royaume Franc. Alors notre pays exulta de joie : il accueillait les restes sacrés du Père des moines d’Occidents. Désormais la France se considère comme la fille posthume du patriarche et se recommande à sa protection. Fille vive et turbulente, c’est son charme, et son histoire n’est pas terminée : elle donne actuellement jour à une belle jeunesse qui croît à la chaude lumière du Seigneur et de ses saints.

Notre Bienheureux Père tient toujours une place honorable parmi ces saints. L’Épître en a tracé un portrait qui traverse les siècles.

Par la prière, Benoît a creusé son puits ; et ce puits, Dieu l’a rempli d’une eau vivifiante où les hommes viennent puiser depuis quinze siècles. Chaque génération de moines a mission de creuser cette source, de la garder pure, et surtout d’y boire. Chacun peut témoigner de la puissance de cette eau claire, purificatrice, rafraîchissante, et fortifiante pour l’effort, cette eau qui jaillit du Cœur du Christ. Et par la grâce de Dieu, la vie fidèle à la Règle de saint Benoît est un témoignage évangélique qui soutient les chrétiens. Alors, oui, les canaux se remplissent extraordinairement comme une mer : « De son temps, dit notre passage de l’Ancien Testament, fut creusé le réservoir des eaux, un bassin large comme une mer. »

Contemplons l’image du puits. C’est une image évangélique. C’est auprès du puits de Jacob que Jésus a versé l’eau de la grâce dans le cœur assoiffé d’une femme dont la vie manquait d’unité.

Un puits, cela plonge dans les profondeurs fraîches, obscures et humides de la terre. De même, l’humilité baigne la vie du cloître.

Le puits est généralement bordé d’une margelle, muraille miniature qui, dans sa robustesse, assure la sécurité des hommes et empêche que l’eau ne soit souillée de la chute de bêtes inattentives. De même, notre clôture est là pour favoriser la pureté de la prière des moines.

L’espace autour du puits est un lieu de parole, un lieu d’amitié, et d’amour. C’est aussi un lieu de paix parce que là, toute soif est étanchée. La lecture du livre de l’Ecclésiastique nous dit que saint Benoît a élargi cet espace, qui est un peu comme le parvis du temple. Il a donné l’accès au plus grand nombre au puits de la liturgie, de la consécration à la louange de notre Dieu.

Et sur cette esplanade, on ne craint pas l’éclat du soleil. On en profite plutôt, grâce à la présence de l’eau. Bénéficiant du soleil du Seigneur et de l’eau de la Vierge Marie, la végétation pousse, la sainteté s’épanouit « comme la rose en fleur aux jours du printemps, comme le lis près des sources d’eaux ». Et autour, l’olivier, le cyprès : tous les frères de l’homme de Dieu « autour de lui formaient une couronne, pareils à la ramure des cèdres du Liban ; ils l’entouraient comme des tiges de palmiers. » La postcommunion soulignera combien doit être fleury un monastère animé de l’esprit du Patriarche. La sainteté à laquelle nous conduit saint Benoît respecte la charmante inventivité de l’Esprit Saint : « Chacun reçoit de Dieu son don particulier ». Les uns sont le Christ qui sert, ils accomplissent les œuvres de miséricorde matérielles et spirituelles, les autres le Christ qui souffre. Et tous ensemble, ils sont le Christ qui loue.

À l’exemple de saint Benoît, et avant lui à l’exemple du Seigneur Jésus, les moines ont mission de prier pour la fécondité de l’Église. Ils s’appliquent à acquérir de Dieu la conversion des âmes. Comme le Père Maître des novices, tout moine consacre finalement sa vie à gagner des âmes à Dieu.

Une belle jeunesse se lève, héritière d’une éducation préservée. Cette jeunesse se démarque des idéologies athées anti-chrétiennes. En même temps, une autre jeunesse, qui n’a pas bénéficié de cette éducation à la présence de Dieu, crie sa soif avec des mots de haine et en se livrant à des comportements barbares. Saint Benoît a offert l’eau fraîche de ses cloîtres aux barbares de son époque, à ceux qui mettaient tout à feu et à sang, à ceux qui étaient assoiffés de vérité et d’amour. Il leur a appris à ne rien préférer à l’amour du Christ, à mettre l’Œuvre de Dieu au dessus de tout, à vivre la fraternité des fils de Dieu. Chaque jeune homme et chaque jeune fille doit se demander si il n’est pas appelé à la vie monastique.

Au pied de la Croix, la sainte Vierge a vu le soldat romain percer le Côté de son Fils, creuser le Puits de la Grâce. Demandons-lui d’y puiser pour nous, demandons-lui de demeurer constamment avec elle auprès de la source de la vie1.

Amen.

1Cf. Ps 36 (35), 10.