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Solennité de saint Pierre et saint Paul

Samedi 29 Juin 2024

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

L’Église fête aujourd’hui avec ampleur les deux apôtres majeurs, saint Pierre et saint Paul, le premier Pape et l’annonciateur infatigable de la grâce divine. L’un et l’autre ont ressenti l’infirmité de notre nature. Ils ont aussi expérimenté la puissance de la grâce divine qui renouvelle les âmes. Par le témoignage de cette vie retrouvée, ils offrent à l’Église le fondement le plus stable.

Pourquoi peut-on dire que l’Église les fête avec ampleur ? C’est qu’il y a leur fête proprement dite, aujourd’hui, mais puisque saint Pierre y est plus explicitement célébré, le jour suivant est consacré spécialement à la mémoire de saint Paul. Et de plus nous nous y sommes préparés par une vigile.

L’oraison de cette vigile nous a fait justement contempler la stabilité du fondement apostolique, sur lequel s’élève l’Église :

Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut nullis nos permíttas perturbatiónibus cóncuti ; quos in apostólicæ confessiónis petra solidásti. — Dieu tout puissant, veuillez ne permettre que nous soyons ébranlés par aucun bouleversement, puisque vous nous avez scellés sur la pierre de la confession apostolique.

Quelle est cette confession apostolique sur laquelle nous sommes scellés ?

Confesser, c’est dire hautement une vérité à la face du monde. Dans l’Évangile, nous venons d’entendre saint Pierre confesser devant Jésus, au nom de tous : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Plus tard, après sa chute et son relèvement, il témoignera devant les nations. De même saint Paul.

Et leur témoignage ultime, c’est leur martyre. Pour sa foi dans le Christ, saint Pierre fut crucifié comme son maître, mais la tête vers le sol par humilité, et saint Paul eut la tête coupée, cette tête qui avait proclamé si fortement la gloire de Dieu.

Pierre, homme ardent mais si impressionnable, devient ainsi le rocher sur lequel Jésus peut fonder l’édifice de toute l’Église, l’Église de tous les peuples et de tous les âges. C’est immense ! Voilà l’assemblée innombrable des brebis qui ont pu être nourries grâce à l’amour fougueux de saint Pierre pour Jésus le Sauveur.

Jésus nous a promis de demeurer avec nous chaque jours jusqu’à la fin du monde. C’est lui fondamentalement, qui assure la stabilité de son Église. Il est présent dans le tabernacle. Il est présent dans nos cœurs : il est là, dans mon cœur et dans celui de mes frères. Jésus est aussi présent dans les événements, et il est présent dans la hiérarchie ecclésiastique.

Et nous devons toujours affermir ce regard de foi. Les vrais saints se reconnaissent à leur humble docilité à l’égard des successeurs des apôtres. Regardons toujours avec foi le Saint Père, et le collège des évêques en union avec Pierre. Regardons avec foi l’œuvre et la parole des humbles prêtres qui servent le troupeau.

Il y a trois jours, nous recevions notre évêque. Quand l’heure est venue, il nous a quittés sous le porche de notre église, et il est parti, seul sous le puissant soleil du début d’après-midi, enveloppé du chant des cigales. Il marchait seul sur notre vaste parvis désert, appelé silencieusement à servir d’autres diocésains qui l’attendaient. Mais il n’était pas abattu. Il nous avait manifesté quelques instants auparavant sa joie et sa paix dans le ministère épiscopal.

Un évêque a tant à porter. Il n’y parviendrait pas seul, sans le Christ pour le soutenir. Oui, c’est vraiment le Christ qui soutient et qui mène son Église. L’Évêque ne parvient à satisfaire joyeusement à son devoir que dans la mesure où il est tout à fait donné, consacré, offert à son ministère, et seulement s’il laisse Jésus agir à travers lui.

Tout homme, toute femme qui a reçu une mission de la part de Dieu, par le biais de l’Église, doit renoncer à rechercher la satisfaction de ses goûts propres. Et Dieu, dans sa surabondante bonté, donne tout de même à son serviteur un épanouissement et une fécondité qui réunissent trois bienfaits : la gloire de Dieu, le progrès de son Royaume, et la sanctification béatifiante de l’âme.

Saint Augustin souligne que si c’est à Pierre seul que Jésus s’adresse quand il lui donne les clés du royaume, et si c’est aussi à lui seul qu’il confie le soin de paître les brebis, pourtant ailleurs, le Seigneur confie à l’ensemble des disciples le pouvoir de remettre ou de maintenir les péchés, et il les envoie tous nourrir les hommes par l’annonce de la vérité. Si Jésus parle ainsi individuellement à saint Pierre, et enjoint en même temps les mêmes directives à toute son Église, c’est, dit saint Augustin, pour souligner que saint Pierre est le pivot de l’unité ecclésiale. En lui se rassemblent tous les charismes de l’Église1.

On peut deviner qu’après l’Ascension, la Vierge Marie s’est appliquée à suivre les indications de Pierre, et qu’elle a aidé les autres apôtres et saint Paul en particulier, à demeurer unis au premier des apôtres. Sous son manteau maternel, nous sommes assurés de vivre toujours de la vie ecclésiale.

Amen.

1Cf. Saint Augustin, Sermon 295, 1-2, 4, 7-8 : PL 38, 1348-1352.