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Solennité de la Toussaint

Mardi 1er Novembre 2022

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

Au viie siècle, le Pape Boniface iv, procédait à la dédicace de l’ancien Panthéon, qui devenait l’église Sancta Maria ad Martyres, en y portant solennellement les corps des martyrs jusqu’alors ensevelis dans les catacombes. Le souvenir de cette cérémonie devint culte de tous les saints et s’étendit au monde entier. Il nous permet aujourd’hui de fêter sans retard la moisson récente des nombreux saints et martyrs qui ont achevé leur course en cette année 2022, et qui se sont joints au chœurs célestes.

Nous venons d’entendre la série des béatitudes. Il y en a huit, et chacune a son caractère propre. Ensemble, elles dressent un panorama des multiples saintetés, toutes irriguées par l’unique Esprit de sainteté. Les premières sont enthousiasmantes : tous, nous nous sentons pauvres, tous, assoiffés de pureté et de justice. Oui, nous nous réjouissons de suivre cette voie de pauvreté qui nous promet la richesse de la grâce du Christ. Mais le Seigneur n’omet pas les dernières béatitudes, qui sont plus crucifiantes : aurons-nous aussi le courage de suivre Jésus sur le chemin de sa Croix, sur le chemin des outrages, pour le salut de l’humanité et notre propre réforme ? Si nous en avons le désir, mus par l’Esprit, alors oui, réjouissons-nous et exultons.

La Constitution Dogmatique Lumen Gentium nous enseigne cette diversité des saintetés dans l’unique sainteté des enfants de Dieu :

À travers les formes diverses de vie et les charges différentes, il n’y a qu’une seule sainteté cultivée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui, obéissant à la voix du Père et adorant Dieu le Père en esprit et en vérité, marchent à la suite du Christ pauvre, humble et chargé de sa croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire1.

L’Église souligne en particulier la valeur des vies passées dans le travail pénible ou la souffrance pour le salut de tous, à l’imitation du Christ. Les chrétiens sont invités à entretenir la sainteté dans l’Église en suivant les conseils proposés par le Seigneur, en particulier le :

Don précieux de grâce fait par le Père à certains de se vouer à Dieu seul plus facilement sans partage du cœur, dans la virginité ou le célibat. Cette continence parfaite à cause du règne de Dieu a toujours été l’objet de la part de l’Église d’un honneur spécial, comme signe et stimulant de la charité et comme une source particulière de fécondité spirituelle dans le monde.

Imitant le Christ qui s’est fait « obéissant jusqu’à la mort », les consacrés renoncent « à leur propre volonté, pour se soumettre à cause de Dieu à une créature humaine, en matière de perfection, allant aussi au-delà de ce qu’exige le précepte, afin de se conformer plus pleinement au Christ obéissant ». Le Christ s’est fait pour nous « pauvre, de riche qu’il était », ses disciples reçoivent la « liberté des fils de Dieu » en imitant sa pauvreté.

La pratique de ces conseils purifie le cœur des affections discordantes : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu. »

Avec celui du Seigneur, le culte des saints est très bénéfique à notre croissance spirituelle. Ils ont connu les mêmes peines que nous, et ne sont pas hors de portée. « Contempler la vie des hommes qui ont suivi fidèlement le Christ, est un nouveau stimulant à rechercher la Cité à venir, et en même temps nous apprenons par là à connaître le chemin. »

Leur exemple est souvent très actuel. Les saints de notre époque en particulier nous apprennent à sanctifier nos journées. Par eux, vraiment, « Dieu lui-même nous parle, il nous donne un signe de son Royaume et nous y attire puissamment, tant est grande la nuée de témoins qui nous enveloppe et tant la vérité de l’Évangile se trouve attestée ».

Non seulement Dieu nous parle au travers des saints, mais par eux, il nous communique la grâce même du Christ, source de leur sainteté. C’est à lui qu’il faut rendre grâces de leur victoire. Les saints et les saintes resserrent les liens de communion entre l’Église de la terre et l’Église du ciel. Et nous sommes invités à les célébrer, au fil du calendrier :

C’est surtout dans la sainte liturgie que se réalise de la façon la plus haute notre union avec l’Église du ciel : là en effet, par les signes sacramentels s’exerce sur nous la vertu de l’Esprit Saint ; là nous proclamons, dans une joie commune, la louange de la divine Majesté ; tous, rachetés dans le sang du Christ, de toute tribu, langue, peuple ou nation, et rassemblés en l’unique Église, nous glorifions, dans un chant unanime de louange, le Dieu un en trois Personnes. La célébration du sacrifice eucharistique est le moyen suprême de notre union au culte de l’Église du ciel.

Les saints d’ici-bas et ceux qui sont parvenus au Royaume, marqués au front du sceau de notre Dieu, unis dans le lien de l’Esprit, chantent ensemble « Gloire à notre Dieu et à l’Agneau ».

[C’est pourquoi, dit encore le Concile,] lorsque la charité mutuelle et la louange unanime de la Très Sainte Trinité nous font communier les uns aux autres, nous tous, fils de Dieu qui ne faisons dans le Christ qu’une seule famille, nous répondons à la vocation profonde de l’Église, et nous prenons par avance une part déjà savoureuse à la liturgie de la gloire parfaite.

À l’heure où le Christ apparaîtra, quand se réalisera la glorieuse résurrection des morts, la clarté de Dieu illuminera la Cité céleste et l’Agneau sera son flambeau. Alors l’Église des saints tout entière [guidée par Notre-Dame], dans la joie suprême de la charité, adorera Dieu et « l’Agneau qui a été égorgé », proclamant d’une seule voix : « À celui qui siège sur le trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire et domination dans les siècles des siècles ».

Amen.

1Toutes les citations sont tirées du Concile Vatican ii, Constitution Dogmatique Lumen Gentium, no 41, 43, 50 et 51.