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Vigile pascale

Nuit de Pâques, Samedi 8 – Dimanche 9 Avril 2023

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Mes bien chers frères et sœurs,

Mes très chers fils,

« Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre » et un Ange leur annonce la plus profonde des joies : Jésus, comme le soleil qui point, a vaincu la nuit de notre mort. Au cours de cette nuit, au début du troisième jour depuis son grand sacrifice, Jésus a brisé le domaine des ténèbres. « Alléluia ! — Louez Dieu ! »

Dans la louange du cierge pascal chantée tout à l’heure par le Diacre, nous avons entendu cette très mélodieuse exclamation : « O vere beata nox — Ô, nuit vraiment bienheureuse ! » Ce chant de l’Exsulet rend gloire à la lumière invincible du Christ.

Quel est, pour nous, disciples du Christ, le mystère de la nuit ? Dans la Bible, nous voyons souvent le contraste entre une nuit et l’irruption de la lumière de Dieu.

Ne serait-ce qu’à l’origine, quand le monde gisait dans le Chaos dans le tohu et bohu : « La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. » (Gn 1, 2-3)

Mais le péché de l’homme a réintroduit le désordre et l’obscure confusion dans notre monde. L’Évangile nous présente cette nuit de péché. Pensons à cette nuit pénible où les disciples peinent à ramer dans leur barque. L’arrivée de Jésus les plonge dans la panique, mais leur apporte le réel réconfort. Pensons aussi à cette nuit dans laquelle s’est enfoncé Judas s’en allant trahir son ami ; et c’était cette même nuit qui n’était pas encore achevée que Pierre avait renié son Seigneur. Nous connaissons ces nuits noires, dans chacune de nos vies, quand la foi se fait obscure, quand la maladie et la souffrance semble nous imposer comme le désespoir.

Jésus lui-même est entré dans cette nuit. Les trois Évangiles synoptiques nous disent qu’au moment de sa mort, de pesantes ténèbres recouvrirent « toute la terre ». C’est l’heure où le Prince des ténèbres pense avoir vaincu, puisqu’il a écrasé même cet homme si parfait qui lui échappait depuis le début.

Oui, Jésus est entré dans notre nuit, mais lui, il en est sorti, et il nous entraîne dans son lumineux sillage. En effet, la nuit, avec lui, n’est pas conclusive. Elle passe. Rappelons-nous cette nuit de Noël, témoin de l’apparition du Sauveur : « Un silence paisible enveloppait toute chose, et la nuit […] était au milieu de son cours […] ; alors, du haut du ciel, venant de votre trône royal, Seigneur, votre Parole toute-puissante fondit en plein milieu de ce pays de détresse » (Sg 18, 14-15).

Le Verbe de Dieu fond au milieu de son peuple hébété par l’obscurité. Comme lors de la délivrance du peuple hébreu, il supprime les rejetons du mal et délivre les âmes qui l’attendent. Nicodème a été une de ces âmes disponibles, qui vient trouver Jésus pour lui demander quelque lumière alors qu’il fait nuit.

Oui, Jésus est entré dans notre nuit pour une seule chose : pour la crever et nous en faire sortir. Il est ressuscité et nous avons acclamé par trois fois la Lumière du Christ, Lumen Christi, au début de notre veille sacrée.

Jésus, cependant, laisse aux hommes leur liberté, et les ténèbres de certains ne l’ont pas reçu. Le combat se prolonge, mais nous en savons l’issue. La nuit semble s’étendre sur bien des dimensions de notre monde qui se donne des lois ténébreuses en essayant de plonger dans la mort les enfants à naître et les personnes pour qui la vie est lourde. Mais ces prétentions ne dureront pas. Saint Jean l’a vu par avance et nous a annoncé :

Alors j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. […] Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. » Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » […] La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y porteront leur gloire. Jour après jour, jamais les portes ne seront fermées, car il n’y aura plus de nuit (Ap 21, 1-5; 23-25).

Sainte Vierge Marie, depuis toujours et pour toujours irradiée de la lumière de votre Fils, introduisez-le chez nous et veillez à ce qu’il y soit bien accueilli,

Amen, Alléluia !